La perce-neige et le Martisor
Il existe des traditions qui font le tour du monde, laissant toujours quelques traces de leur passage. Nul ne sait laquelle a influencé l'autre, mais il est toujours intéressant d'en apprendre d'avantage à leur sujet. Violine vous propose un petit tour en Roumanie, à la découverte de leurs traditions, ainsi qu'une petite découverte de cette jolie Perce-Neige, si chère à Imbolc.
La perce-neige

La perce-neige ? Et oui, le nom de cette petite fleur est, dans la langue de Molière tout du moins, définitivement féminin. Dans l’usage, le masculin est toutefois toléré puisque maintenant répandu. Mais comme notre perce-neige le mérite bien, nous lui rendrons hommage en lui attribuant ici la consonance féminine qui était sienne originellement et qui est tout à fait de mise pour Imbolc (définitivement une célébration féminine de par l'image de Brigid). Chez nos amis anglophones, on appelle notre fleur joliment snowdrop : goutte de neige. D’autres noms tout aussi éloquents lui sont attribués, en référence aux diverses légendes qui entourent cette fleur comme celui de White Tears (larmes blanches) ou Eve’s Tears (larmes d’Eve). Voici d’ailleurs un petit récapitulatif (non exhaustif) des différents noms qui sont donné à cette petite fleur à travers les langues :
Les différents noms chantants qui lui sont donnés sont un premier hommage rendu à cette fleur. En effet, la perce-neige a toujours fasciné et ému. C’est sans doute sa gracile allure qui y contribue : tête inclinée vers le bas, blanche clochette tombante et subtil liseré vert bordant ses fines pétales. Mais son apparence fragile cache la bravoure avec laquelle elle sort de la neige et des sols glacés et stériles de l’hiver. Cette modeste fleur fut très tôt un symbole important pour nos ancêtres que le froid éprouvait bien plus que nous ne pouvons le soupçonner. L’hiver était synonyme de maladie, de famine, de désespoir et de mort. L’apparition des premières perce-neige était donc source de joie et d’espoir car elles annonçaient le proche retour du printemps et de sa chaleur. D’autant plus que même si le calendrier civil n’existait pas encore, le calendrier floral leur servait de repère temporel. On peut donc comprendre l’importance qu’il y avait à voir cette petite fleur sortir vaillamment de la neige. Après l’éloquence des noms on trouve l’éloquence des mots. Voici deux petits poèmes choisis parmi de nombreux qui rendent hommage à notre fleur du printemps :
- Français : Perce-neige, Violette de la chandeleur, Fée du printemps
- Anglais : Snowdrop (goutte de neige), Eve’s tears (larmes d’Eve), White tears (larmes blanches), Candlemas bells (cloches de la Chandeleur), Church flower (fleur d’église), Virgin flower (vierge fleur)
- Allemand : Schneeglöckchen (clochette de neige)
- Chinois : 雪花 (fleur de neige)
- Japonais : スノードロップ se lit «snowdrop», 待雪草(matsu-yuki-sou) se lit «la plante attendant la neige», 雪の花 (yuki no hana) se lit «fleur de neige», ガランサス : se lit «galansas»
- Espagnol : Galanto (galante), Campanilla de invierno (cloche de l’hiver)
Les différents noms chantants qui lui sont donnés sont un premier hommage rendu à cette fleur. En effet, la perce-neige a toujours fasciné et ému. C’est sans doute sa gracile allure qui y contribue : tête inclinée vers le bas, blanche clochette tombante et subtil liseré vert bordant ses fines pétales. Mais son apparence fragile cache la bravoure avec laquelle elle sort de la neige et des sols glacés et stériles de l’hiver. Cette modeste fleur fut très tôt un symbole important pour nos ancêtres que le froid éprouvait bien plus que nous ne pouvons le soupçonner. L’hiver était synonyme de maladie, de famine, de désespoir et de mort. L’apparition des premières perce-neige était donc source de joie et d’espoir car elles annonçaient le proche retour du printemps et de sa chaleur. D’autant plus que même si le calendrier civil n’existait pas encore, le calendrier floral leur servait de repère temporel. On peut donc comprendre l’importance qu’il y avait à voir cette petite fleur sortir vaillamment de la neige. Après l’éloquence des noms on trouve l’éloquence des mots. Voici deux petits poèmes choisis parmi de nombreux qui rendent hommage à notre fleur du printemps :
Sur la pleine glacee et blanche
Une petite fleur se penche En butte au souffle des antans, Et, courageuse messagere, Aux yeux ravis de la bergere aAnnonce la verte fougere Et les chauds soleils du printemps. Perce-neige que j'ai choisies Pour donner a mes poesies Votre nom issu des hivers, Ainsi que vous etes nees Dans de monotones journees Ou les cieux sont couverts et froids. De John Petit-Senn |
Violette de la Chandeleur, Perce, perce, perce-neige, Annonces-tu la Chandeleur, Le soleil et son cortege De chansons, de fruits, de fleurs ! Perce, perce, perce-neige A la Chandeleur. De Robert Desnos |
Mais ce n’est pas tout : de nombreuses légendes se sont tissées autour de cette fleur. Nous verrons dans un premier temps les légendes chrétiennes s’y rapportant. Nous parlerons ensuite d’une fête roumaine aux origines païennes et étroitement liée à la perce-neige. Cette célébration printanière n’est d’ailleurs pas sans nous rappeler Imbolc...
Légendes chrétiennes sur la perce-neige
La première perce-neige serait apparue lorsqu’Adam et Eve furent chassés de l’Eden. Ils se retrouvèrent alors sur un territoire glacial, sombre et stérile. Alors qu’Eve se met à pleurer de désespoir, un ange vint la consoler en lui promettant que même en ces lieux, le printemps finirait bien par succéder à l’hiver. Pour appuyer ses propos, il attrapa un flocon de neige et souffla dessus. Lorsque ce dernier toucha le sol, il se métamorphosa en la toute première perce-neige. L’espoirt était né. Une variante raconte que ce sont là où les larmes d’Eve sont tombées qu’ont fleuries les premières perce-neiges. Lorsque Dieu créa toutes choses sur Terre, il demanda à la neige d’aller à la rencontre des fleurs afin de se parer d’un peu de leur couleur. La neige alla d’abord demander à l’herbe de lui prêter un peu de sa couleur. L’herbe refusa. Alors la neige se dirigea vers la rose et lui demanda un peu de sa belle couleur. Mais la rose refusa elle aussi. Elle se tourna alors vers la violette puis le tournesol qui déclinèrent eux aussi sa demande. Dépitée, la neige s’approcha de la perce-neige et lui dit «Aucune fleur ne veut me donner de sa couleur, toutes me renvoient». Touchée par ses propos, la perce-neige lui répondit «Si tu apprécies ma couleur, je la partagerais volontiers avec toi». Depuis ce jour, la neige et la perce-neige partagent la même couleur. En guise de remerciement, la neige permit à la fleur d’être la première à percer son manteau à l’approche du printemps.
Mărţişor, fête roumaine
Légendes chrétiennes sur la perce-neige
La première perce-neige serait apparue lorsqu’Adam et Eve furent chassés de l’Eden. Ils se retrouvèrent alors sur un territoire glacial, sombre et stérile. Alors qu’Eve se met à pleurer de désespoir, un ange vint la consoler en lui promettant que même en ces lieux, le printemps finirait bien par succéder à l’hiver. Pour appuyer ses propos, il attrapa un flocon de neige et souffla dessus. Lorsque ce dernier toucha le sol, il se métamorphosa en la toute première perce-neige. L’espoirt était né. Une variante raconte que ce sont là où les larmes d’Eve sont tombées qu’ont fleuries les premières perce-neiges. Lorsque Dieu créa toutes choses sur Terre, il demanda à la neige d’aller à la rencontre des fleurs afin de se parer d’un peu de leur couleur. La neige alla d’abord demander à l’herbe de lui prêter un peu de sa couleur. L’herbe refusa. Alors la neige se dirigea vers la rose et lui demanda un peu de sa belle couleur. Mais la rose refusa elle aussi. Elle se tourna alors vers la violette puis le tournesol qui déclinèrent eux aussi sa demande. Dépitée, la neige s’approcha de la perce-neige et lui dit «Aucune fleur ne veut me donner de sa couleur, toutes me renvoient». Touchée par ses propos, la perce-neige lui répondit «Si tu apprécies ma couleur, je la partagerais volontiers avec toi». Depuis ce jour, la neige et la perce-neige partagent la même couleur. En guise de remerciement, la neige permit à la fleur d’être la première à percer son manteau à l’approche du printemps.
Mărţişor, fête roumaine

Dans certains pays de l’est comme la Roumanie, on fête l’arrivée du printemps dès le début du mois de mars. Mărţişor est le nom d’une fête ancestrale roumaine et c’est tout naturellement qu’on y trouve associé un folklore important de légendes et coutumes. On célèbre mărţişor le premier mars, jour qui était aussi autrefois le début de la nouvelle année. Le nom mărţişor est d’ailleurs dérivé du mot roumain «martie» qui signifie mars.
Traditionnellement, on offrait à l’aube du premier mars une sorte de talisman : le mărţişor. Il s’agissait tout simplement de fils tressés ensemble, de couleur rouge et blanc uniquement. On y nouait à l’origine en guise d’amulette un écu (en or ou argent). Peu à peu, la monnaie fut remplacée par divers supports en bois ou métal aux symboliques variées, mais toujours dans le but de porter bonheur et chance. Le mărţişor était offert accompagné de fleurs printanières (telles que la violette ou la perce-neige) dans l’espoir d’avoir un printemps radieux ou pour appuyer ce présent qui cachait parfois une déclaration. Mărţişor était donc une bonne occasion pour les messieurs de montrer leur attachement à la jeune fille qui leur plaisait. En ce sens, certains parallèles sont faits entre cette fête et notre Saint-Valentin. Offrir à un tiers un mărţişor pouvait donc être un geste d’amour mais aussi d’amitié, de respect et d’estime. Les femmes et les enfants plus particulièrement portaient les mărţişor offerts au poignet ou épinglé sur la poitrine durant 9 à 12 jours ou du moins jusqu’à ce que l’on aperçoive le premier arbre en fleurs. On les suspendait ensuite à la branche d’un arbre dans l’espoir que l’année soit fleurie mais certaines femmes préféraient le porter dans les cheveux. Aujourd’hui, on continue de célébrer et d’offrir des mărţişor : femmes et enfants l’épinglent encore à la veste ou le portent en bracelet. Dès la mifévrier, les rues se remplissent de commerçants qui rivalisent d’originalité pour ce qui est de la confection des mărţişor. C’est aussi l’occasion pour les étudiants en art de se faire un peu d’argent en réalisant de petites oeuvres d’art par ce biais. Une foire dédiée au mărţişor est même organisée par le musée du paysan roumain. Les origines de cette fête sont relativement anciennes et remontent au moins à plus de 2000 ans, certains avancent même le chiffre de 8000 ans. On célébrait jadis le retour du printemps avec des rituels oubliés depuis bien longtemps. On peignait entre autres des galets en rouge et blanc que l’on reliait les uns aux autres par un fil.
Le rouge et le blanc
Comme nous l’avons vu précédemment, le rouge et le blanc revêtent une symbolique très importante chez nos voisins des pays de l’est. La première couleur évoquerait l’hiver et le rougeoiement de l’âtre tandis que la seconde ferait référence au perceneige, au renouveau et à la pureté du printemps. Une interprétation différente mentionne que le rouge représenterait la fertilité du printemps et le blanc le froid de l’hiver. Toujours est-il que le mărţişor est un symbole dualisant le rouge et le blanc représentant les deux saisons qui se succèdent tout en étant liées. Mais d’un point de vue plus symbolique, les deux couleurs sont là pour rappeler la lutte perpétuelle entre l’hiver et le printemps mais aussi celle du bien et du mal. Comme il n’existe pas de tradition sans légendes de nombreux récits existent autour de la fête de mărţişor. Nous y retrouverons dans la plupart, notre fameuse perce-neige ainsi que la dualité du rouge et du blanc. Mais sans plus attendre, voici les principales histoires sur le sujet :
De nombreuses légendes existent encore et il y aurait encore beaucoup à raconter sur le sujet qui n’a été, à travers cet article, que tout juste effleuré. Du moins, peut-être que cette année, vous regarderez différemment les perce-neige que vous croiserez lors de vos ballades. Et si le cœur vous en dit, pourquoi ne pas confectionner aussi quelques mărţişor ?
Traditionnellement, on offrait à l’aube du premier mars une sorte de talisman : le mărţişor. Il s’agissait tout simplement de fils tressés ensemble, de couleur rouge et blanc uniquement. On y nouait à l’origine en guise d’amulette un écu (en or ou argent). Peu à peu, la monnaie fut remplacée par divers supports en bois ou métal aux symboliques variées, mais toujours dans le but de porter bonheur et chance. Le mărţişor était offert accompagné de fleurs printanières (telles que la violette ou la perce-neige) dans l’espoir d’avoir un printemps radieux ou pour appuyer ce présent qui cachait parfois une déclaration. Mărţişor était donc une bonne occasion pour les messieurs de montrer leur attachement à la jeune fille qui leur plaisait. En ce sens, certains parallèles sont faits entre cette fête et notre Saint-Valentin. Offrir à un tiers un mărţişor pouvait donc être un geste d’amour mais aussi d’amitié, de respect et d’estime. Les femmes et les enfants plus particulièrement portaient les mărţişor offerts au poignet ou épinglé sur la poitrine durant 9 à 12 jours ou du moins jusqu’à ce que l’on aperçoive le premier arbre en fleurs. On les suspendait ensuite à la branche d’un arbre dans l’espoir que l’année soit fleurie mais certaines femmes préféraient le porter dans les cheveux. Aujourd’hui, on continue de célébrer et d’offrir des mărţişor : femmes et enfants l’épinglent encore à la veste ou le portent en bracelet. Dès la mifévrier, les rues se remplissent de commerçants qui rivalisent d’originalité pour ce qui est de la confection des mărţişor. C’est aussi l’occasion pour les étudiants en art de se faire un peu d’argent en réalisant de petites oeuvres d’art par ce biais. Une foire dédiée au mărţişor est même organisée par le musée du paysan roumain. Les origines de cette fête sont relativement anciennes et remontent au moins à plus de 2000 ans, certains avancent même le chiffre de 8000 ans. On célébrait jadis le retour du printemps avec des rituels oubliés depuis bien longtemps. On peignait entre autres des galets en rouge et blanc que l’on reliait les uns aux autres par un fil.
Le rouge et le blanc
Comme nous l’avons vu précédemment, le rouge et le blanc revêtent une symbolique très importante chez nos voisins des pays de l’est. La première couleur évoquerait l’hiver et le rougeoiement de l’âtre tandis que la seconde ferait référence au perceneige, au renouveau et à la pureté du printemps. Une interprétation différente mentionne que le rouge représenterait la fertilité du printemps et le blanc le froid de l’hiver. Toujours est-il que le mărţişor est un symbole dualisant le rouge et le blanc représentant les deux saisons qui se succèdent tout en étant liées. Mais d’un point de vue plus symbolique, les deux couleurs sont là pour rappeler la lutte perpétuelle entre l’hiver et le printemps mais aussi celle du bien et du mal. Comme il n’existe pas de tradition sans légendes de nombreux récits existent autour de la fête de mărţişor. Nous y retrouverons dans la plupart, notre fameuse perce-neige ainsi que la dualité du rouge et du blanc. Mais sans plus attendre, voici les principales histoires sur le sujet :
- Mărţişor et Baba Dochia : Il était une fois une vieille dame du nom de Dochia. Elle avait une belle-fille qu’elle détestait par dessus tout. Dochia lui ordonna par un jour d’hiver rigoureux d’aller laver à la rivière un manteau bien sale et de ne rentrer que lorsque le manteau serait blanc comme neige. La malheureuse jeune fille fut contrainte d’obéir mais force fut de constater que plus elle lavait le manteau, plus il devenait noir. Désespérée, elle se mit à sangloter. C’est alors qu’un certain Mărţişor apparut et lui demanda les raisons de son chagrin. La jeune fille lui raconta ses malheurs. Mărţişor lui confia alors posséder des pouvoirs magiques qui pourraient l’aider. Il donna à la jeune fille une fleur rouge et blanche, lui conseilla de laver une dernière fois le vêtement avant de s’en retourner chez elle. Et en effet, lorsqu’elle arriva chez elle, le manteau était blanc comme neige. Baba Dochia avait du mal à y croire d’autant plus qu’elle ne soupçonnait pas une seconde que sa bru puisse venir à bout de cette tâche impossible. C’est alors qu’elle aperçu dans les cheveux de la jeune-fille une belle fleur rouge et blanche. La vieille cru à tort que le printemps était revenu. Elle partit vêtue de ses douze manteaux de laine mener son troupeau au sommet de la montagne. Le temps était au rendez-vous et peu à peu Dochia enleva les chaudes touloupes qui la couvraient. Mais bientôt, la bruine et la pluie remplacèrent le soleil trompeur. Mărţişor apparut à la vieille femme et lui reprocha d’avoir maltraité sa belle-fille. Sur ces mots, l’homme disparut aussi vite qu’il était venu, laissant Dochia ainsi livrée au froid. Le gel vint alors la saisir et la transformer en pierre.
- Le cheval enchanté : Il y a bien longtemps, par une forte nuit d’orage, une vieille femme vint frapper à la porte du château d’un prince afin de lui demander l’hospitalité pour la nuit. Le prince la regarda et lui demander de quitter les lieux à moins qu’elle ne souhaite travailler en échange d’un abri. La vieille femme se métamorphosa alors en fée et lui dit : «Vous n’avez ni coeur ni compassion pour autrui. Je vais vous transformer en cheval. Le sortilège sera rompu lorsqu’une jeune fille sincère vous offrira un cadeau qui vous touchera.». Les années passèrent. Le prince était malheureux et désolé de ce qu’il avait fait. Durant tout ce temps, de nombreuses princesses se présentèrent pour offrir les plus beaux présents au prince, en vain. Une jeune bergère du nom de Giralda qui était amoureuse du prince cueillit un premier mars une perce-neige qu’elle emballa dans un papier blanc. Au dos, elle écrivit en lettres rouges «Mărţişor». Quand elle alla à la rencontre du prince, celui-ci se demanda s’il n’avait jamais vu des yeux aussi honnêtes. La jeune fille lui dit très franchement que son présent était le symbole de son amour pour lui. Elle lui donna son mărţişor et lorsque le prince le toucha, il retrouva apparence humaine. Le prince décida qu’en souvenir, le premier mars de chaque année, les hommes offriraient aux femmes qui leurs sont proches, un mărţişor en guise de gratitude et d’amour.
- La Fée du Printemps : Il était une fois, par un premier mars d’il y a bien longtemps, une perce-neige tout blanche et innocente. Elle décida de sortir sa tête hors du manteau de neige mais fut bien vite repérée par le vent d’hiver qui n’apprécia pas cette insolence. Il se mit en colère et déclencha une tempête de neige sur la pauvre petite fleur. La perce-neige, gelée, sanglota. Ses pleurs furent entendus par la fée Zina Primavera qui s’enquit des raisons de son chagrin : «Pourquoi pleures-tu ?» «Je suis couverte de neige et me meurs de froid» répondit la perce-neige. La fée Primavera entreprit alors de délivrer la fleur de l’épaisse couche de neige qui la recouvrait. Mais en l’aidant, elle se blessa le doigt contre un petit caillou tranchant caché au pied de la perce-neige. Son sang tomba à la racine de la fleur qui se réchauffa instantanément et revint à la vie. Une autre goutte de sang atterit sur les pétales de la perce-neige qui se teintèrent de rouge. Une autre perce-neige blanche poussa alors immédiatement à côté d’elle. C’est ainsi que les deux inséparables clochettes, la rouge et la blanche, devinrent à la fois le symbole du printemps, de l’amour et de l’espoir appelé Mărţişor. Une légende moldovane raconte aussi que lors de son combat contre la Sorcière de l’Hiver, la belle Fée du Printemps se coupa au doigt. Quelques gouttes de son sang tombèrent sur la neige qui fondit instantanément. Aussitôt, une perce-neige poussa à cet endroit et c’est ainsi que le printemps vainquit l’hiver.
- La jonquille et la perce-neige : Un premier mars d’il y a bien longtemps, une jonquille intrépide eut l’idée saugrenue de fleurir avant son amie la perce-neige. Cette dernière n’apprécia guère cet affront et un combat féroce s’engagea entre les deux fleurs. La perce-neige fut blessée et son sang éclaboussa la neige. A cet endroit précis poussa alors une autre perce-neige aux pétales blanches tachetées de rouge. Une jeune fille découvrit cette fleur particulière, la cueillit et l’épingla à sa poitrine. Très vite, ses amies l’imitèrent en tressant des fleurs en fils de laine rouges et blancs.
De nombreuses légendes existent encore et il y aurait encore beaucoup à raconter sur le sujet qui n’a été, à travers cet article, que tout juste effleuré. Du moins, peut-être que cette année, vous regarderez différemment les perce-neige que vous croiserez lors de vos ballades. Et si le cœur vous en dit, pourquoi ne pas confectionner aussi quelques mărţişor ?
Sources :
Par Violine, article initialement publié dans notre webzine Altar, n°11
Pour approfondir :
- Webzine Altar, n°11, Février 2009
- Candlemas, Feast of Flames, par Amber K. et Azrael Arynn K., éditions Llewellyn (en anglais)