Le Triskèle
Introduction
Le triskèle s'orthographie parfois aussi triskell et l'on trouve également d'autres variantes comme le triquètre (d'ou, sans doute, la confusion avec le triquetra) ou encore le triscèle. Etymologiquement, il tire son origine du grec τρισκελης, ("triskélès") où "tri" signifie bien sur "trois". On peut ainsi le traduire par "à trois jambes". D'ailleurs, l'une de ses premières représentations graphiques est composée de trois jambes entrelacées, au centre desquelles figure généralement un visage humain. Le même type de symbole apparaît également sur les armoiries de la Sicile ainsi que sur le drapeau de l'Ile de Man, sur lequel les 3 jambes sont protégées par une armure.
Les premières apparitions du triskèle remontent à priori au 4e siècle avant JC, à l'époque du second âge du fer (époque de la Tène, entre 450 et 25 avant J.-C.). Ce n'est pourtant que vers le 5e siècle après J.-C. qu'il se diffuse en Armorique et finit par représenter le symbole celte par excellence. Cependant, il ne fait réellement son apparition moderne en Bretagne qu'à partir des années 1920 où il acquiert véritablement sa célébrité. Mais ce symbole ne se cantonne pas qu'aux pays et cultures celtes puisque de nombreuses traces ont été retrouvées par le passé au Japon ou même chez les Amérindiens.
Ses représentations sont multiples. Schématiquement, le motif consiste en trois points équidistants l'un de l'autre et du centre du cercle dans lequel il s'inscrit. Il est associé à la tripartition du cercle qui reste inchangée après une rotation d'un tiers de tour dans un sens ou dans l'autre. Dans tous les cas, on retrouve une notion de symétrie et de dynamique de la forme. On peut déterminer deux types de triskèles selon la manière dont ils s'organisent :
- Le triskèle du premier type correspond à un mouvement de développement à partir du centre, sous la forme de trois facettes identiques, telles les 3 jambes (voir illustrations ci-dessus) ou la représentation moderne la plus courante, les 3 spirales. Ces trois facettes ne peuvent être que du même ordre au cours de leur manifestation, c'est-à-dire qu'aucune d'entre elles ne joue un rôle privilégié par rapport aux deux autres. Symboliquement, les trois facettes sont contenues en un principe unitaire, équilibré par le centre.
- Le triskèle du second type, quant à lui, correspond à une figure où l'un des trois pôles est au-dessus ou au-dessous des deux autres. Ce pôle joue un rôle privilégié qui diffère selon qu'il est relativement supérieur ou inférieur. Ainsi, le pôle supérieur représente le principe unitaire et les deux autres, la polarité du principe selon deux facettes opposées. Le pôle inférieur caractérise le résultat de l'union de ces deux facettes apparemment opposées dans un troisième pôle, reflet du Principe unitaire au niveau de cette seule polarité (père/mère + enfant, par exemple).
Le triskèle à trois spirale arbore une symbolique solaire. D'après la tradition néodruidique notamment, le triskèle à trois spirales représente le mouvement en spirale de tout corps gravitant au sein de l'Univers. Dans ce cas, l'orientation de ses branches ne revêt absolument aucune importance puisque la rotation de tout corps, suivant qu'elle est observée par au dessus ou par en dessous, change automatiquement de sens.
Symbolique et interprétation
Son orientation apporte des interprétations différentes :
- s'il est tourné vers la gauche, il est considéré comme négatif (1)
- s'il est tourné vers la droite, il est alors positif
Attention d'ailleurs à ne pas confondre "tourné vers" et "orienté vers" : pour ne pas faire de confusion, imaginez le centre du triskèle fixé sur un axe, et le triskèle mis en rotation autour de cet axe, mû par l'eau ou le vent. Il tournera soit dans le sens des aiguilles d'une montre (sens bénéfique), soit dans le sens inverse (négatif).
La symbolique que l'on associe généralement au chiffre trois s'applique également au triskèle : naissance/vie/mort, passé/présent/futur, mais aussi jeunesse/âge mûr/vieillesse (tout comme le seraient les aspects de la déesse wiccane), esprit/âme/corps. L'Esprit représente la force créatrice du monde, l'Âme en est une parcelle ou une étincelle, et enfin le Corps, la chair, le véhicule tangible de cette étincelle. Ces trois entités, représentés par les trois branches, fusionnent dans un tourbillon qui est la figure même du triskèle. Cette théorie pourrait simplement être une mutation de celle qui prévaut d'après certaines sociétés néodruidiques et selon laquelle le monde est composé de trois "sous-mondes" indissociables, à savoir :
- Abred : le monde tangible (donc le corps, la chair, le mortel)
- Gwenved : le monde blanc, où viennent transiter les âmes avant leur réincarnation.
- Keugant : le monde divin, summum de la perfection, mais auquel les âmes (et les corps bien sur) n'ont pas accès.
De même, il représente les 3 éléments : la terre, le feu et l'eau et non, l'eau, la terre, le feu et l'air, la notion d'air étant de très loin contemporaine à ses origines. Certains disent également qu'il represente l'eau, l'air et le feu, la terre étant au centre.
De nombreux panthéons lui sont également associés : Teutatès, Esus et Taranis, mais également Lug, Dagda et Ogme. Je rajoute à ceci un simple résumé des attributs des dieux cités plus haut et vous invite à vous reporter aux sections correspondantes pour en apprendre d'avantage :
- Teutatès : l'un des trois dieux sanguinaires de la Gaule (avec Esus et Taranis). Il est considéré comme "le père de la tribu", le protecteur du peuple. Il est plus généralement orthographié "Toutatis". C'est donc le dieu protecteur des tribus et des territoires. Ainsi, chaque tribu possédait "son" Teutatès.
- Esus : Il est l'équivalent de l'irlandais Dagda et représente l'agriculture, le commerce et la guerre. Etymologiquement, son nom signifie "le bon maître" ou "l'excellent".
- Taranis : C'est le dieu du ciel, de la foudre et du tonnerre, comme l'indique son nom qui signifie étymologiquement "le tonnant".
Note : le poète du 1er siècle Lucain les décrit comme une triade de dieux celtiques dans "La Pharsale" ainsi que dans les "Scolies bernoises".
- Lug : (parfois aussi orthographié Lugh, d'ou découle par exemple l'appellation du Sabbat Lughnasadh) il est le dieu suprême de la mythologie celtique dans le sens ou on le retrouve dans presque toutes les cultures et tous les peuples celtes. Il représente la lumière.
- Dagda : Comme nous le disions plus haut, Dagda fait partie de la mythologie celtique irlandaise. C'est le dieu le plus important des Tuatha Dé Danann (la Tribu de Dana) après Lug. Il est l'équivalent d'Esus et incarne le dieu-druide par excellence. Il représente le sacré, la science et les contrats.
- Ogme : On l'orthographie de différentes manières : Ogma, Ogm, Ogme, Ogmios, Ogmius. On le place généralement en troisième position dans le panthéon, juste après Lug et Dagda. Inventeur mythique de l’écriture, on lui attribue la création des Oghams qui constituent l’alphabet des druides. Par conséquent, l'éloquence et la poésie entrent également dans ses attributions.
Socialement, le triskèle représente les trois classes de la société celtique :
- la classe sacerdotale (druides, bardes et vates) qui a la charge du sacré, du religieux et du pouvoir
- la classe guerrière, qui s'occupe du domaine militaire
- la classe artisanale et productrice qui gère les besoins de la population et des autres classes
Utilisations pratiques
En pratique magique, il est dit que le triskèle est un excellent symbole de protection lorsqu'il est porté sur soi, apportant également énergie, force et vitalité, surtout lorsque l'on médite dessus. Utilisé en radiesthésie et géobiologie également, il permet de réénergiser et harmoniser lieux, aliments et objets de par les ondes de forme qu'il dégage :
- Placé sous un bol, le triskèle permet l'énergisation et la dynamisation de son contenant (herbes, aliments, liquides, encens...)
- Placé au mur dans une pièce, il permet d'harmoniser les énergies qui y circulent.
- Placé sur un noeud pathogène (2), il permet d'augmenter le taux vibratoire d'un lieu.
- Porté par une personne fatiguée, dépressive ou anémiée, il permettra de lui insuffler l'énergie nécessaire. A placer dans ce cas dans la main réceptrice du porteur (généralement main gauche pour les droitiers et inversement pour les gauchers, mais un test peut être nécessaire au préalable) durant 2 ou 3 minutes, afin de mieux faire circuler l'énergie. La personne peut également simplement exposer sa main au-dessus du triskèle durant ce même laps de temps.
- Placé sur les 7 chakras principaux du corps, il permet de réharmoniser le fonctionnement énergétique du corps.
1. il est d'ailleurs très "amusant" de constater que le côté gauche est presque toujours considéré comme le mauvais côté, le paria, etc... Voir "Eloge du Gaucher" par Jean-Paul Dubois, un excellent livre sur le sujet.
2. Nœuds énergétiques générés par les croisements des réseaux cosmo-telluriques principaux, tels que ceux découverts par les Dr Hartmann et Curry et qui portent leur nom. Les failles, les veines d’eau ont aussi, sous certaines conditions, un effet perturbateur démontré. Certains de ces noeuds peuvent avoir des effets pathogènes sur la santé, les plantes et les animaux.
2. Nœuds énergétiques générés par les croisements des réseaux cosmo-telluriques principaux, tels que ceux découverts par les Dr Hartmann et Curry et qui portent leur nom. Les failles, les veines d’eau ont aussi, sous certaines conditions, un effet perturbateur démontré. Certains de ces noeuds peuvent avoir des effets pathogènes sur la santé, les plantes et les animaux.
Sources :
Par Yuna Minhaï
Site Heraldica
Site Lotus
Illustrations :
Triskèle à trois jambes : Heraldica
Armoiries siciliennes : Herarld Dick Magazine
Drapeau de l'Ile de Man : Royal Flags