Histoire d'OstaraUne célébration récente... Ostara en tant que célébration païenne est relativement récente. Comme nous le préfigurions dans notre introduction, le terme "Ostara" n'est apparu qu'en 1835, lorsque Jacob Grimm, en citant Bède le Vénérable, a introduit pour la première fois le mot "Ostara", dans son ouvrage Deutsche Mythologie. Bien que de nombreuses cultures célébraient déjà l'équinoxe de printemps depuis des siècles, ce n'est que dans les années 1960 qu'Ostara est devenu l'un des huit Sabbats de la roue de l'année, sous l'impulsion de Gerald Gardner. De même, l'association d'Ostara avec l'imagerie populaire des lièvres et des oeufs est relativement tardive et assez floue. Pour mieux comprendre comment est né l'Ostara que l'on connaît aujourd'hui, voici un bref récapitulatif de l'évolution de ce Sabbat :
* Ronald Hutton, professeur d'histoire à l'Université de Bristol, doute cependant de cette première source, déclarant que celle-ci relève très certainement davantage de l'interprétation personnelle de Bède que d'un fait entendu et prouvé. Un certain nombre de chercheurs allemands ont mis en doute son affirmation au cours des 19e et 20e siècles, manquant cependant de preuves suffisantes pour la réfuter à leur tour. Deux faits semblent émerger du débat : Le premier est que la version du nom donné par Bède a été largement utilisée parmi les germanophones pendant ou peu après son époque ; ainsi, la fête chrétienne était connu comme "Ostarstuopha" dans la vallée du Maine au cours des 19e et 20e siècles. L'autre fait est que le terme anglo-saxon "Eastre", qui signifie à la fois le festival lui-même et la saison printanière, est associé à un ensemble de mots dans diverses langues indo-européennes, signifiant tout autant l'aube que déesse qui personnifie cet événement, comme l'Eos grecque, l'Aurora romaine, et l'Ushas indienne. (5) .... Aux racines plus anciennes Au vu de ces informations, il est difficile d'affirmer qu'Ostara est une fête ancienne tournant autour d'une déesse antique. C'est même tout le contraire. Néanmoins, de nombreux peuples célébraient déjà l'équinoxe vernal bien avant l'avènement de ce Sabbat. Les exemples de sites indiquant la position précise du soleil lors de l'équinoxe sont nombreux, et ce partout dans le monde, bien qu'on ne sache pas réellement s'ils étaient des lieux spirituels dédiés à des rituels spécifiques ou juste d'immenses calendriers :
Le soleil des équinoxes et du solstice d'hiver sur Calendar I et II
Quoi qu'il en soit, il apparait qu'à travers les âges, de nombreux groupes partout dans le monde ont célébré et honoré les occurrences astronomiques telles que les équinoxes grâce à d'imposantes et complexes structures. Ainsi, même si en réalité, c'est Gérald Gardner dans les années 1960 qui a transformé l'équinoxe vernal en Ostara, il est clair que, depuis des centaines d'années, non seulement les gens connaissaient l'existence de ces équinoxes, mais en plus ils essaient d'en consigner les traces et de prédire leurs passages, preuve que ceux-ci devaient avoir une certaine signification à leurs yeux, qu'ils la considéraient comme un moment sacré, une période d'équilibre, une période de nouveaux départs ou tout simplement une période propice pour réaliser des plantations. Mythologie La mythologie grecque a, elle aussi, laissé quelques traces dans la symbolique d'Ostara puisque c'est la période pendant laquelle Perséphone, fille de Déméter, remonte des ténèbres et se libère du règne de Hadès pour quelques mois. La Terre, symbolisée par Déméter, se réjouit du retour de sa fille et se pare à nouveau de couleurs. D'autres mythes et légendes sont également à l'origine de la tradition d'Ostara, tant dans la tradition païenne que chrétienne. Les symboles les plus représentatifs d'Ostara sont le lièvre, qui représente la fertilité et le fait que la Terre renaisse après la froideur de l'Hiver, et l'oeuf, qui détient en lui la genèse du monde. La notion de renouveau, de renaissance, voire même de résurrection est un thème constant dans de nombreuses traditions à cette période de l'année. La nature renaît, redonne vie à ce qui semblait pourtant être mort, et cette énergie qui revient nous entoure petit à petit. De nombreux Dieux, tout comme le Christ dans la tradition chrétienne, meurent et reviennent à la vie chaque année : Attis, Adonis, Osiris, Dionysos... La plupart du temps, ces Dieux sont les fils d'un Dieu et d'une femme mortelle. Ce fils est souvent considéré comme un sauveur au prix d'un sacrifice, quel qu'il soit. Chacun de ces dieux peut être symbolisé par la Nature, la végétation qui chaque année meurt et renaît au printemps. Dans la Rome antique, un rite de 10 jours était tenu en l'honneur d'Attis, fils de la grande Déesse Cybèle. Celui-ci débutait le 15 mars. Chaque année, un pin, qui représentait Attis, était abattu puis emballé dans un linceul de lin, décoré de violettes puis placé dans un sépulcre au temple. Lors du "jour du Sang" ou "Vendredi noir", les prêtres de ce culte se scarifiaient à l'aide de couteaux et dansaient, compatissant avec Cybèle tout en honorant la renaissance d'Attis. Deux jours plus tard, un prêtre rouvrait le sépulcre à l'aube, annonçait que celui-ci était vide et que le Dieu était ainsi sauvé. On appelait ce jour là "Hilaria" ou le "Jour de joie" : c'était un temps de fête et de liesse. Avec l'avènement du christianisme en Europe, la célébration d'Ostara a été fusionnée avec celle de la crucifixion de Jésus-Christ, dont la date est proche de celle du Sabbat et de la fête juive de Pessah. Cette association improbable du symbolisme païen et des célébrations juives et chrétiennes ont abouti à une fête largement célébrée de nos jours dans laquelle le lapin de Pâques cache des oeufs décorés dans le jardin afin que les enfants puissent les chercher. Mais l'image du sabbat perdure dans la tradition néopaïenne. 1. Nous manquons cruellement d'informations à propos de K.A. Oberle, mais une partie de son ouvrage est consultable ici.
2. De furh (sillon) et lang (long) en vieil anglais. Il fait référence à la longueur d'un sillon sur un acre de champ labouré. 3. Ce leg est cité dans Histoire et Antiquités du Leicestershire de John Nicholls, en 1797. Il cite à la fois Leys Crop Hare et Hare Pie Bank. Pour référence, leys est le vieil anglais pour "pâturage". 4. Pluriel de "Penny Loaf", un petit pain qui valait un penny, alors que le cours était à environ 240 pence la livre. Le penny loaf était la taille traditionnelel de la miche de pain, instauré par les "Assize of Bread Act" de 1266. 5. Source : Stations of the Sun : A history of the Ritual Year in Britain, par Ronald Hutton aux éditions OUP Oxford (en anglais) 6. Le mot cairn est adopté par les archéologues pour désigner un grand monument de pierre sèche du Néolithique, quadrangulaire ou circulaire, qui recouvre entièrement un ou plusieurs dolmens à couloir. Ces dolmens sont en pierre sèche et à voûte en encorbellement (début du Ve millénaire) ou mégalithiques (seconde moitié du Ve millénaire et début du IVe). 7. Un henge est une structure architecturale préhistorique presque circulaire ou ovale, délimitant généralement une zone de plus de 20 mètres de diamètre comprenant une limite de terrassement composée d'un fossé et d'un talus. Sources : Leicester Villages Extraits de Ostara: Rituals, recipes & lore for the Spring equinox, par Kerri Connor, éditions Llewellyn, traduction et adaptation Yuna Minhaï Stations of the Sun : A history of the Ritual Year in Britain, par Ronald Hutton aux éditions OUP Oxford (en anglais) image 1 : carrowkeel image 2 : Februarysun images 3, 4, 5 : Geomancy Pour approfondir :
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